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by sml » Friday 25 February 2005, 19:07
Puisque cela semble en intéresser certains, je profite de ce fil pour donner, à mon tour, mon avis sur ma nouvelle acquisition, cette superbe (avant dégats) Swoard 175M.
== PREAMBULE
Comme dans toutes les belles histoires, commenons plutôt par le début, ça situera le contexte. J'ai découvert le surf en 90 (février ou Noël, je ne sais même plus), sur une plache 'noname' puis sur une "Gnu" (qui comme chacun sait n'est pas Unix). A force de ruiner mes parents en locations, je finis pas les convaincre à l'hiver 1992 d'investir dans du matériel. Il ne restait plus que deux planches chez Décathlon à ce moment-là. Une superbe Nidecker Predator noire et vert/bleue, et une Rossignol Race 159. Il va sans dire que pour l'ado de 16 ans que j'étais, 'Predator' ça en jettais autrement plus que 'Race'. Sauf que j'étais régular, et pas la Prédator.
Ma première planche fut donc une Rossi Race 159 (avec les plaques VAS à coller soi-même, et des Emery Modul en 4 plots.
Je l'ai gardé 4 ans, avant de la remplacer par une.... Rossi Race 159 (!) rouge avec la fleche d'argent au milieu. Planche qui péri en décembre 98 suite à une réception mal gérée.
Et depuis janvier 2000, j'aligne les sortie sur la Factory Prime (164/19) que j'ai encore aujourd'hui.
Pourquoi je vous raconte tout ça ? Pour expliquer que j'ai grandi sur des planches "Race", à part une paire d'infidélité sur une Burton Air et quelques essais à droite à gauche. Je n'ai jamais eu jusqu'à aujourd'hui les moyens de cumuler les planches, donc j'ai toujours tout fait avec la même. Bosses, poudre, glace, piquets (parfois), etc...
Si j'ai décidé d'acheter une Swoard, c'est parce que les 'fins de série' étaient dans mes moyens, et que plus le temps passait, plus je faisais du Carving prononcé (i.e. très bouclé) plutôt que de dévaller la piste à fond comme j'ai pu le faire à une époque (où je fréquentais principalement des skieurs). Et aujourd'hui, je n'arrivais pas, avec la Burton, à trouver la relance nécessaire pour me relever et repartir après un virage très couché. C'est ce que j'espérais trouver dans la Swoard.
== PREMIER CONTACT
Comme expliqué ailleurs, je ne pense pas, en ce qui me concerne, qu'avoir découvert ma plache à Zinal fut la meilleure des choses pour moi. A trop regarder tout le monde, j'en ai oublié de me concentrer sur mes propres sensations, et j'ai passé une très mauvaise première journée. La planche est notablement plus lourde que ma Burton. Est-ce la longueur (175 vs 164), est-ce la masse ? Je ne saurais dire. Mais la sensation est là. J'ai vraiment l'impression d'avoir une enclume au pieds. Après les premiers virages, je découvre en plus que cette enclume n'en fait qu'à sa tête... En effet, si l'accroche défie tout ce que j'ai pu expérimenter auparavant, la conduite est pour le moins... déroutante.
Moi qui avait pour habitude d'un peu d'agressivité, de tordre ma planche, de la sentir vouloir se détendre, de lui rendre sa liberté pour qu'elle m'éjecte alors vers l'autre direction (avec souvent un changement de carres en l'air), je me retrouve là incapable de décider du moment de déclencher le virage. Celui-ci commence, et alors impossible d'arrêter la planche pour repartir dans l'autre sens. Ce qui me vaudra quelques belles sortir de piste dont une un peu pénible en bas de la DURAN, dans le petit "couloir" qui part à droite après le mur. Impossible de déclencher mon fronside à temps, et voilà que ma trajectoire m'emmeène dans le vide. Et hop(!) je me retrouve 1m en contrebas de la piste.
Mention spéciale aussi à cette descente ou tous mes backsides finiront sur le cul. Grand moment de solitude.
Bref première matinée à me battre avec cette planche qui n'en fait qu'à sa tête, qui refuse de tourner quand je l'ai décidé, et qui me fait accumuler plus de chutes en une matinée que sur les 3 dernières saisons...
Lorsque je me pose pour déjeuner à midi, je me demande vraiment ce qui me retiens de la refoutre dans sa housse et d'aller m'éclater avec la Burton...
Comme je suis perdu, l'après-midi j'essaie de ralentir le rythme. De rider plus "paisible", moins agressif. Il ya du mieux. Mais je suis tellement vanné qu'à 15h je jette l'éponge.
== L'IMPORTANT C'EST DE PERSERVER
Après avoir mouliné toute la nuit sur le pourquoi du comment cette planche soit-disant miraculeuse est vraiment "a pain in the ass" en ce qui me concerne, j'en arrive à deux hypothèses :
- inutile de chercher dès le premier jour à tout coucher comme ses petits camarades,
- puisque la planche refuse ton rythme, essaye de prendre le sien.
Je me fais donc une matinée solo, à essayer de causer un peu avec elle. Tranquillement, sans tenter le diable. Je reprends là où j'aurais du commencer. Les sensations viennent petit à petit. c'est clair que ça n'a que peu de rapport avec la Burton. Tout est plus lent, mais plus intense aussi. En efforts comme en sensations. Il ne faut pas faire mine de tourner les épaules, il faut les tourner vraiment. Il ne faut pas faire semblant de torder la planche. Il faut l'arracher complètement. Beaucoup plus de puissance nécessaire que sur la Burton (fatiguée ?). Et là ça commence à ressembler à quelque chose. Pas du total laydown, hein. Mais on commence à sentir le potentiel du bestiau. Je commence à me dire que peut-être bien, effectivement, il y a des trucs que cette planche rend possible et que la Burton n'offre pas.
Mais ce n'est pas gratuit. C'est comme les autres planches. Il faut d'abord l'apprivoiser, la comprendre, la sentir. Et j'ai encore du chemin à parcourir. Avant d'oublier complètement la prise de carre pour me concentrer sur ma position. Avant de sentir le moment où, en fin de virage, elle va bondir vers l'autre. Avant de l'oublier complètement pour ne plus me concentrer que sur ma trajectoire....
== CES PETITES LUEURS D'ESPOIRS
Depuis, ça va chaque jour un peu mieux. Comme ce dimanche à Zinal où j'ai suivi Nadine (la blondinette des Funboarders) à 3/4m derrière, en m'appliquant à passer exactement dans sa trace, sans perdre ni gagner le moindre mètre sur elle. Uniquement et exclusivement concentré sur ma trajectoire et ma vitesse, et le reste suivait parfaitement sans que l'on ait à s'en préoccuper. On s'est fait tout DURAN comme ça, c'était assez magique.
Une descente du "Stade", à Huez aussi. Avec un tempo. Les deux mains par terre dans tous les virages. La même période entre deux virages. Et au final tracé dans la neige un superbe enchainement de boucles toutes identiques, de haut en bas....
Ce genre de petits trucs qui me disent que ma Swoard et moi, on a bien fait de faire connaissance. Pour faire un parallèle avec la moto, je dirais que c'est une vraie Européenne (par opposition aux japonaises) : difficile de prise en main, mais une fois qu'on a compris comment ça marche, WALOUUUUU !!
== BON D'ACCORD, MAIS CONCRETEMENT ?
Si c'était une moto, ce serait une 998. D'une stabilité royale. Dont l'accroche inspire une confiance absolue. Mais qui demande de l'engagement, du don de soi. En comparaison, ma FP serait un R6. Tonique, dynamique, mais serviable. Qui répond au doigts et à l'oeil. Légère, virevoltante, là où la Swoard est ancrèe dans la neige...
Pour le Carving, E ou pas E, la Swoard supplante la Burton par son accroche et par l'inertie qu'elle génère et qui permet cette relance puissante.
Par contre pour l'instant, dès que les conditions se détériorent (foule, bosses, brouillard), je préfère la Burton, que je trouve aujourd'hui encore plus instinctive que la Swoard. Plus réactive, plus souple, plus maniable à basse vitesse. Peut-être tout simplement parce qu'elle est plus courte et plus souple.
== CONCLUSION
Ben... il n'y a pas de conclusion. Je ne suis pas testeur chez Planche-Mag. Je me suis contenté d'essayer d'exprimer mon ressenti. Comme déjà dit ailleurs, monter sur la Swoard, ça m'a rappelé la journé où j'avais pu tester les Blast & Logical de Hot. Deux façons d'approcher la chose. Et pour moi la Logical n'est pas sans points communs avec la Swoard.
My 2 cents,
sml.
EC3D 175M/TD2 - Stratos Pro (ACSS) /==/ Dual 175/Diode - Malamute