Salut Baladin,
Tu ne sais pas à quel point j'approuve ce que tu viens d'écrire!
J'ai commencé le « surf des neiges » à l'âge de 16 ans et j'en ai 34. En 18 saisons j'ai assisté à toutes les évolutions.
Il y a pourtant une chose que je n'ai jamais changé: la rotation.
Je l'ai apprise en 1988, lorsque j'ai fait la patente d'instructeur suisse. Cela faisait quatre ans que je surfais en contre-rotation.
Celui qui avait défini la technique de cette patente s’appelle Antoine Massy. Il était alors champion du monde de slalom et venait, paraît-il du skateboard slalom.
C’est à lui que nous devons ce mouvement « magigue ».
Comme tout le monde, j’ai eu pas mal de peine à m’y mettre et, surtout, à oublier la contre-rotation (elle revenait souvent dans les situations limites).
La première fois qu’on réussit à conduire un virage en rotation, l’impression est vraiment extraordinaire. On est posé sur la carre, appuyé dans les chaussures, on ne fait rien (puisque la rotation est déjà faite) et on a tous nos sens à disposition pour ressentir cette merveilleuse sensation de glisser sur un fil.
Vraiment, ça vaut la peine de s’y mettre parce que c’est l’ensemble du snowboard qu’on redécouvre (et pas seulement l’EC).
Dans la poudreuse, c’est fabuleux : on peut boucler des immenses virages à pleine vitesse et on est toujours dans la bonne position pour faire tout ce que l’on veut à tout moment : un saut de corniche par-ci, un off the lip par-là, etc….
J’avais remarqué qu’en France, la contre-rotation était généralisée.
Je me suis fait expliquer la raison à l’occasion d’un cours que j’ai donné à l’école de snowboard du CERN.
En France, la loi assujetti tout sport de glisse sur neige à la FFS. Donc aucune association d’enseignement du snowboard indépendante n’a pu être créée.
A la FFS, seuls les profs de ski peuvent être profs de snowboard. Et comme la technique du ski est la contre-rotation, les profs l’ont naturellement appliquée au snowboard. Autrement dit, tous ceux qui on pris des cours on appris faux ! ! !
Là, je me suis dit que le snowboard en France était une véritable tragédie nationale !
Comble de l’ironie, avec l’avènement du ski carving, les skieurs (et donc les moniteurs) sont passé à la rotation. Donc aujourd’hui, eux font de la rotation et les snowboardeurs tournent en contre-rotation. Le monde à l’envers !
Comme tu le dis très bien, dans l’esprit des gens, alpin = compétition et vitesse. A mon avis, c’est totalement réducteur. Pour moi, avec mon matos, alpin (ou carving si tu préfère) = optimisation pour les pistes actuelles, c’est-à-dire les billards bien damés.
Etant habitué au hard boot et au soft boot, je trouve que sur la piste, deux mondes séparent ces deux configurations.
Pour moi, rider sur la piste en soft, est totalement inefficace. Ca ne sert qu’à faire la liaison entre deux champs de poudreuse ou deux snowparks.
Quand on a goûté à la merveilleuse liberté, précision, facilité, vitesse, vivacité, qu’offre notre matos (planches alpines larges et légères, angles pas trop élevés et chaussures à flex ultra progressif), on est frustré chaque fois qu’on se retrouve sur la piste en soft.
En fait, aujourd’hui, il n’existe pas de catégorie de snowboards spécialement optimisés pour la piste : on a le choix entre le freestyle /freeride et l’alpin de compétition.
Ce n’est pas le cas avec le ski où le gros du matériel est fait pour s’amuser sur les pistes.
La prochaine évolution est peut-être en train de commencer.
Jacques